Cocteau à la fin de sa vie est soumis à un « jury » dont les interventions cadencent l’album en étant révélateur/procureur. On comprend rapidement que ce « jury » est l’âme même de Cocteau qui se confronte au bilan de sa vie. On va donc suivre le cheminement d’un homme d’un talent remarquable dont la production pluridisciplinaire et protéiforme a marqué son temps et s’est inscrit dans la durée. De sa jeunesse témoin de ses premiers émois homosexuels de sa rencontre avec Raymond Radiguet qui le marque à jamais, de celles de Marcel Proust, d’Anna de Noailles, de Picasso, de Jean- Marais, de Jean Genet, de Max Jacob, Cocteau va nourrir son œuvre mais comme l’a dit J.E Blanche « Jean Cocteau est un Poète pour qui le monde extérieur n’existe pas ». Narcissique, opiomane, embarqué dans d’impossibles amours, Cocteau « l’enfant terrible » est pourtant résolument romantique, absolu, facétieux et il brûle du désir de plaire à tous.
S’attaquer à la biographie de Cocteau est un travail ambitieux qui s’avère plutôt réussi avec cette BD. Ce récit érudit sans être pesant est construit intelligemment, l’intervention du « Jury » permettant, sans casser la dynamique du récit, d’exposer les contradictions et turpitudes de Cocteau et d’avoir une approche plus « philosophiques » de sa vie. La main de Laureline Mattiussi sait se faire incisive ou légère développant un registre profond ou aérien que l’utilisation du noir et blanc peut amener lorsqu’il est aussi bien maitrisé