Cent seize Chinois et quelques

HEAMS-OGUS Thomas

AprĂšs d’autres minoritĂ©s dĂ©portĂ©es dans les Abruzzes, les Chinois de la pĂ©ninsule sont regroupĂ©s lĂ , dans des camps ouverts, par le rĂ©gime de Mussolini. De 1941 Ă  1943, ils participent aux travaux du village, opposant Ă  la curiositĂ© respectueuse des habitants leur mutisme protecteur. Apparemment rĂ©signĂ©s, ces Ă©trangers subissent, en une cĂ©rĂ©monie grotesque, un baptĂȘme collectif qu’ils rejetteront rapidement. AprĂšs la guerre, la communautĂ© se disloque, chacun retrouvant son individualitĂ© et la clandestinitĂ©.

 

Ce fait minuscule et vĂ©ridique du rĂ©gime fasciste est ressuscitĂ© dans ce premier roman court et dense. L’auteur y dĂ©crypte les attitudes de ces hommes nullement destinĂ©s Ă  se rencontrer, radioscopie leurs Ă©motions en demi-teinte, leurs Ă©bauches de relations, leurs Ă©changes suggĂ©rĂ©s. Le roman est un solide exercice de style oĂč l’écriture sĂ©vĂšre, parfois poĂ©tique, exprime avec force et retenue la douleur, l’incomprĂ©hension et l’humiliation de l’émigrĂ© devant l’absurditĂ© d’un pourvoir intolĂ©rant.