Ce n’est pas mon chapeau

KLASSEN Jon

Un petit poisson a volĂ© le chapeau d’un gros poisson en pleine sieste. Il part se cacher dans les hautes herbes, il est sĂ»r de lui, sĂ»r d’avoir suffisamment d’avance, d’ĂȘtre introuvable. Il ne devrait pas.

 

L’auteur a de la suite dans les idĂ©es (cf Je veux mon chapeau, NB avril 2012). L’inversion de point de vue est intĂ©ressante. Dans les trois quarts du livre, le poisson voleur s’adresse au lecteur, le tenant au courant de ses actes et de ses intentions; la fin est tragiquement muette – car il est difficile de ne pas s’attacher au narrateur, mĂȘme quand celui-ci a commis un acte rĂ©prĂ©hensible! Les belles images aux formes stylisĂ©es, qui bĂ©nĂ©ficient du format Ă  l’italienne, affichent des teintes inhabituelles: essentiellement des nuances de marron et de gris sur fond noir, pour un rĂ©sultat trĂšs Ă©lĂ©gant. Elles contredisent ironiquement l’assurance, tranquille mais infondĂ©e, du voleur, dans cette « course-poursuite » originale oĂč le lecteur en sait plus que le hĂ©ros, et attend la fin avec impatience ou apprĂ©hension, selon sa sensibilitĂ©!