Ca finit quand, toujours ?

Varsovie, 1950. Deux jeunes femmes, Nina, étudiante en psychologie, et Pola, chimiste, accouchent le même jour l’une d’Ewa l’autre d’Adam. De cette coïncidence naît une amitié solide entre les deux couples et leurs enfants. Au moment de la mort de Staline, on acquiert le premier frigo. La rencontre du cousin Heniek, ingénieur, de son épouse Teresa, entomologiste, et leurs jumeaux en vacances sur la Mer Noire complète la tribu.

Dans ce premier roman, l’auteure sait fort habilement tresser les destinées d’une trentaine de personnages sans jamais perdre le lecteur. Les situations personnelles sont rattachées aux événements historiques : des chars russes à Budapest, à la Guerre des six jours ou aux attentats du 11 septembre… C’est une famille de substitution qui se constitue grâce à l’amitié après les morts de la guerre. On la suit sur cinq générations. Le durcissement du gouvernement envers les sionistes donne corps à la question de l’émigration. L’exode vers le Canada, les USA ou Israël met en évidence la diversité des adaptations dans les pays d’accueil. Souvent les interrogations des adultes sont révélées par les observations formulées par les enfants. La construction est également diversifiée par l’échange de correspondances des années 1968/69. Une écriture très fluide parsemée de dialogues riches rend particulièrement aisée la lecture des 500 pages. Les personnages sont attachants tels le tankiste mutilé, les grands-mères partagées par la question de l’exil ou les jeunes filles émancipées. Une belle réussite ! (J.D. et M.S.-A.)