On est au théâtre. Ce soir-là, Norman a rendez-vous avec Brunilda. À 21h précises. Pour se rendre à son dîner, Norman doit traverser la scène, ce qu’il ne peut faire qu’une fois le rideau baissé. Oui mais voilà : le dramaturge – aux aspirations trop ambitieuses – n’arrive pas à clore l’histoire. À son bureau, ce n’est pas l’angoisse de la page blanche qui l’assaille, mais plutôt un mur qui se dresse, bien trop imposant, bâti avec l’aide perfide de sa mauvaise conscience.
Cette BD est originale et sort des cadres classiques. Ca commence par l’objet en soi, de la couverture, au format, en passant par la couleur des pages, le choix du graphisme, des polices… on est plongé dans une antiquité de la BD, un objet qui n’a plus cours. Ce qui a un charme indéniable.
La forme accompagne le fond, cette mise en abime de la création théâtrale. L’histoire s’écrit littéralement au fur et à mesure que l’on tourne les pages et que son auteur dramaturge daigne y apporter un chapitre de plus.
Il y a un petit côté Kafka à l’ensemble. Un peu de surréalisme, une note d’onirisme, laissant place à de belles joutes verbales entre le créateur et sa conscience.
Après, quand Brunilda invite Norman à La Plata, les deux sont en train de discuter ensemble physiquement. Pourquoi Brunilda n’aurait elle aucun souci à se rendre à l’heure sur place quand Norman doit se lancer dans une Odyssée improbable pour traverser la scène ? Mystère…
(MC)
