Sur le répondeur de Dagmar, le message d’accueil ne laisse rien ignorer de sa condition de transsexuel, tandis que l’image montre généreusement son anatomie ambigüe. Racoleur, souvent répété, parfois changé, l’enregistrement du répondeur téléphonique ponctue comme un refrain les douze chapitres d’un roman noir mis en image en 1988. L’action est située à Los Angeles dans les années 1950. L’héroïne et son amie Beverly veulent récupérer un film compromettant volé dans les archives du Vatican. Leur quête impitoyable se heurte à forte partie, notamment en la personne d’une religieuse dont nous ne verrons pas le visage.
Le sang coule abondamment à chaque étape d’un scénario torsadé où se multiplient les occasions de montrer les talents variés des protagonistes : satanisme, nécrophilie, domination ou sadisme, sans négliger pour autant les pratiques plus ordinaires ! Très noir et dense, le dessin, marqué par le style des comics américains réalistes, met en scène, dans une mise en page dynamique, des personnages anguleux et violents qui évoluent en porte-jarretelles dans des décors simplement esquissés. Un texte prolixe ressasse à l’envie des phrases d’un érotisme convenu, sans faciliter le décryptage d’une histoire qui finit tragiquement.