Bébé lézard, bébé bizarre

KANG Hye-Sook

Qui a volé la queue de bébé lézard ? Comment la remplacer ? Ici un pompon rouge, là un long appendice noir, ou cet autre, vert ourlé de jaune et de rouge : voilà qui ferait son affaire mais sous le rabat – de plus en plus grand – le propriétaire exprime un refus définitif. La traduction joue habilement des assonances pour séduire les tout-petits : Lion rime avec « non », Chat avec « pas ça ! » et Serpent avec « imprudent ». Des aplats de couleurs éclatantes et un graphisme inventif campent les animaux en pleine page, sur un fond assorti – rayures aux couleurs des anneaux du serpent, effets optiques noir et blanc où s’embusque le zèbre, ou en opposition tranchée – motifs jaune fulgurant où s’inscrit la fourrure noire du chat. En vis-à-vis, ce drôle de bébé lézard lève une grosse tête dont la bouche, d’un simple trait, exprime son chagrin, souligné par ses courtes pattes suppliantes. Patience ! La queue repousse et, sur le sable peigné de traits minutieux comme dans l’art aborigène, le bébé retrouve, colère et chagrin oubliés, son ami le papillon aux ailes rose vif. À lire à deux dès qu’on aime jouer à tourner les pages et les soulever pour découvrir des surprises.