Avoir vingt ans au pays des ayatollahs : vivre dans la ville sainte de Qom

KHOSROKHAVAR Farhad, NIKPEY Amir

Loin des jugements généraux forcément réducteurs sur l’attitude des jeunes musulmans vis-à-vis de leur religion, leurs traditions, le poids de la famille et du clergé, Farhad Khosrokhavar , sociologue spécialiste des questions religieuses, s’est attelé à une tâche énorme : aller interviewer des centaines de jeunes iraniens, hommes et femmes, de tous milieux, non pas à Téhéran, plus ouverte aux influences occidentales « dépravées », mais à Qom, la ville sainte d’Iran, le fief des religieux fondamentalistes qui, aidés par la brigade des moeurs, maintiennent une discipline de fer.

 Pratiques religieuses, prières et jeûne, port du voile, mariage et sexualité, jugement du clergé, implication de la religion dans la vie politique, les témoignages montrent souvent un grand attachement aux valeurs traditionnelles de l’islam, mais apparaît aussi un timide mouvement pour critiquer les religieux et espérer une sécularisation de la société et des moeurs. L’intérêt de cette étude, indéniable car fruit de recherches fouillées,dépasse le seul point de vue informatif car les mêmes problèmes et contradictions se retrouvent dans nos banlieues ou dans celles de grandes villes européennes qui accueillent des immigrés musulmans. À la lumière de cette étude, on constate que la route d’une certaine modernité est encore longue.