Avant les singes

GRIMBERT Sibylle

Lorsque Sabine arrive Ă  Zermatt pour assister Ă  la remise du TrophĂ©e de l’innovation dont son mari est le laurĂ©at, elle ne s’attend pas Ă  y rencontrer sa mĂšre. Elle pense immĂ©diatement que celle-ci, encore une fois, vient lui voler la vedette. Son malaise augmente lorsqu’elle croise SĂ©verine, cĂ©lĂšbre danseuse, et Paula, femme d’affaires avertie : autres versions d’elle-mĂȘme Ă©chappĂ©es d’une autre rĂ©alitĂ©. Commence alors une sorte de dĂ©lire.   Une histoire Ă©trange et dĂ©routante oĂč abondent monologue intĂ©rieur, tĂ©lescopage d’identitĂ©s, mĂ©lange des temps, passĂ©, prĂ©sent, futur… Il semble difficile de rĂ©sumer en quelques mots ce rĂ©cit proprement inclassable tant Sylvie Grimbert (Le fils de Sam Green, NB Novembre 2013) se livre brillamment Ă  une introspection de ses personnages en bousculant les repĂšres. Les objets s’animent, les visages se figent, les paysages se tordent, la menace surgit, la folie s’installe ; on ne sait plus qui est qui, ni quand, ni oĂč, ni comment cela va se terminer. Prise de conscience existentielle vertigineuse pour au final s’ancrer dans la durĂ©e et apprĂ©cier Ă  sa juste valeur qui l’on est, en relation et non en rivalitĂ© avec l’autre. Lecture Ă©prouvante, dĂ©stabilisante. (M.-A.B. et V.M.)