Augusto Pinochet

Grand reporter spécialiste de l’Amérique Latine, Michel Faure (Une histoire du Brésil, NB mai 2016) trace le parcours de ce descendant de Malouins reconvertis dans l’agriculture. Élève médiocre, officier laborieux, sans autre charisme, malgré un bon mariage, que celui de sa discrétion politique, second idéal porté en première ligne par la défection de ses chefs, Pinochet, qui rentre à reculons dans le coup d’état de 1973 contre Allende, s’impose pourtant à la tête de la junte. Son génie politique, paradoxal, est de confier la gestion économique du pays aux « Chicago boys » formés à la sauce libérale de Milton Friedman, aux antipodes de sa sensibilité, qui assurent la prospérité durable de l’économie chilienne. C’est aussi de préparer la normalisation politique du pays, qui ne l’épargnera pas. Quoique très détaillée (servie par un bon glossaire), avec de fréquents allers retours, cette biographie manque d’illustrations. Si elle souffre par ailleurs du peu d’envergure de son sujet, elle souligne la « banalité du mal », chère à Hannah Arendt, chez ce militaire « consciencieux », responsable de 2 600 victimes, 39 000 arrestations et près de 200 000 exilés. (D.M.-D.)