Acide sulfurique.

NOTHOMB Amélie

Fable morale ou roman d’anticipation, ce récit dénonce les émissions de téléréalité qui abaissent dans le même voyeurisme producteurs, journalistes et spectateurs. Horrifiés dans leur prétendue bonne conscience, ils sont cependant fascinés par les humiliations et sévices infligés aux victimes. Dans cet exemple, le “jeu” reproduit intégralement le fonctionnement des camps nazis ! Les condamnés, accablés physiquement et moralement, perdent tout amour-propre. Une seule prisonnière, belle et digne, garde une attitude courageuse et résiste. Elle est d’abord admirée puis finalement blâmée : où est le bien et le mal pour ceux qui la jugent ? Si les exécutions capitales ont toujours et partout attiré des foules, cette incitation virtuelle devient, dans notre société, extrêmement malsaine et inquiétante.

L’analyse précise, vivante et rigoureuse, de cette dérive est conduite par Amélie Nothomb avec « une virtuosité qui force l’admiration » comme pour Biographie de la faim (NB août-septembre 2004). Un livre décapant comme l’Acide sulfurique.