Les sentiers d’Anahuac

Mexico, 20 ans après la conquête par les Espagnols, Bernardino de Sahagùn, prêtre Franciscain, se lance dans une immense enquête pour retrouver et décrire la civilisation Aztèque presque disparue : le pays d’Anahuac. Il s’appuiera sur de jeunes indiens lettrés, élevés comme des chrétiens, en particulier Antonio Valériano. Pendant plusieurs décennies, ce travail de collecte et de traduction les occupera jusqu’à l’obsession, révélant la richesse fabuleuse de cette culture martyr et la résistance de ce peuple face à la violence des colonisateurs.   

En attelant  deux personnages principaux  aussi différents, les auteurs offrent des points de vue complexes, montrant toute l’ambiguïté de l’entreprise. Ce qui nous apparait comme un trésor ethnographique se justifiait seulement pour mieux convertir et asservir les indigènes. Les jeunes indiens qui participaient à ce qui sera le Codex de Florence furent eux-mêmes surpris et troublés de découvrir leur propre culture soigneusement effacée par l’envahisseur.

Sur un beau papier bistre, le parti-pris graphique est magnifique, associant les pictogrammes colorés des Aztèques au style hachuré des gravures sur bois de l’époque en Occident. On apprécie le format carré qui donne toute son ampleur à ce roman historique captivant.

(BV)