Le nom des rois

MAJDALANI Charif

Beyrouth, annĂ©es 70. Charif Majdalani est issu d’une famille aisĂ©e qui participe activement Ă  la vie mondaine de la ville. Enfant Ă  l’imagination fertile, il vit dans son monde fantasmĂ©, entre Ă©popĂ©es napolĂ©oniennes et hĂ©ros antiques, noms de rois de contrĂ©es lointaines et amours Ă©thĂ©rĂ©s. Mais en 1975, rĂ©fugiĂ© avec les siens dans leur rĂ©sidence Ă  la montagne pour fuir le dĂ©chaĂźnement des combats, l’adolescent voit son univers livresque s’écrouler : en prenant corps, la vraie guerre perd tout lyrisme Ă  ses yeux.

L’auteur (DerniĂšre oasis, Les Notes juin 2021) Ă©voque Ă  la premiĂšre personne son enfance rĂȘveuse et sa dĂ©couverte brutale de la « rugueuse rĂ©alitĂ© » : la violence des affrontements s’impose Ă  lui, et la disparition de sa distance au rĂ©el l’autorise Ă  assumer ses sentiments amoureux. Les quartiers pleins de vie de la ville, les beaux paysages naturels empreints des traces du passĂ©, les grandes maisons et les hĂŽtels forment le dĂ©cor colorĂ© du rĂ©cit intime, de mĂȘme que les portraits de jeunes ou de connaissances de son pĂšre aux origines variĂ©es. Brillance et richesse d’un style classique exigeant, rythme de longs phrasĂ©s oĂč s’entrecroisent les incises, le lecteur est sĂ©duit. À la fois un tĂ©moignage sur l’irruption de la guerre civile au Liban dans le quotidien des classes sociales supĂ©rieures et un beau roman sur le passage Ă  l’ñge adulte. (J.H. et A.Le.)