Combustions

Ils sont trois. Paul le patron, Baptiste son collaborateur, et Darko, trois hommes qui veulent oublier un instant leurs soucis. Ils sont sur le sentier pédestre qui longe la pointe du Cotentin, quand soudain le couvercle d’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Flamanville saute. Un monstrueux incendie se déclenche ; rapidement un nuage toxique recouvre la péninsule. Ils doivent fuir à tout prix. Baptiste se souvient.

Déjà paniqué par son irradiation inévitable et par le refus des équipes de secours de les sortir de ce piège, le narrateur encaisse un nouveau choc : son supérieur et ami, un banquier d’affaires rongé par une grave dépression, refuse catégoriquement de les suivre. Déterminé à mourir, il marche en direction du feu, ignorant les explosions et les colonnes de fumées mortifères qui s’en dégagent. Les deux survivants d’abord solidaires se divisent ensuite sur l’interdit de sortir de la zone infectée. Le héros se retrouve seul. Des traumatismes complexes, multiples, très différents les uns des autres, ont mené les trois personnages dans cette impasse mortelle. Leurs vies respectives – notamment leur sexualité très affirmée – se dévoilent au fil de trois parties d’une originalité forte et poignante. Une sensibilité masculine nouvelle, contemporaine et authentique, émerge. Cynique, mordante, parfois tendre, elle change du narcissisme frileux habituel. On ressort étonné par cette dystopie tonique, difficile à lâcher. On salue les débuts prometteurs de son auteur. (A.Lec. et A.Le.)