Caballero bueno

Au début du XXe siècle, la compagnie anglaise Williamson & Balfour exploite une partie de l`île de Pâques, gouvernée par le Chili. En 1933, Anthony Wilcox, un membre de la compagnie, y est sauvagement assassiné. Après des semaines passées à la recherche du coupable, le président chilien dépêche sur l`île l`un des meilleurs inspecteurs du pays : Guillermo Valverde.

Voilà un polar qui change un peu, ne serait ce que par son cadre. L’auteur s’est inspiré de l’histoire de son grand-père qui fit partie de l’expédition franco-belge vers l’île de Pâques en 1934. Il en reste des récits et des photos qui donnent l’atmosphère et l’intrigue même de cet album… On retrouve la magie de l’île, son côté hors du temps, ses mystères, sans tomber dans le fantastique ou les mythologies diverses fantasmées par beaucoup pour expliquer la présence de ces moais. L’île joue son rôle de personnage secondaire sans dénaturer l’enquête.

On s’attache tout d’abord à cet inspecteur Valverde, pachyderme dopé au laudanum, flic tempétueux et gracieux violoniste. Un personnage complexe, sorte d’Hercule Poirot, qui ne laisse rien présager de l’orientation qu’il souhaite donner à la résolution du crime. Autour de lui, une galerie de personnages intéressants, chacun avec leurs propres motivations bien définies, donne de l’épaisseur à l’intrigue.

Le dessin apporte une tonalité plutôt sombre à ce polar. La lumière et les couleurs ne s’invitent qu’occasionnellement quand le soleil, rare sur l’île, daigne pointer ses rayons.

Un lieu atypique pour une enquête qui l’est tout autant.

(MC)