Aden, quâAmalia vient de quitter, est dĂ©sormais seul dans le petit appartement quâils partageaient, non loin de Pigalle. Il se laisse embarquer jusquâĂ la folie par son copain Floch, dealer de quartier, et par le discours de son pourvoyeur de Saint-Ouen, Le Calo, chamane Ă ses heures, dans lâunivers glauque de la drogue. Â
 Au cĆur de ce roman, il y a Paris, le Paris bigarrĂ© qui dĂ©borde sur Saint-Ouen, organiquement dĂ©fini par sa localisation dans la capitale, avec sa population de migrants, constitutifs, quâon le veuille ou non, de son identitĂ©, qui lui donnent une Ă©paisseur humaine de prĂ©sences, de projets et dâactivitĂ©s licites ou non. Ce tissu vivant dĂ©passe le pittoresque couleur locale, il donne au texte son Ă©nergie narrative, la puissance dâun opĂ©ra dont il serait la basse tonale. Les personnages sur lesquels se fonde lâintrigue font entendre dâautres notes, qui font corps : le monde de la drogue, Ă©videmment, avec ses tĂ©nors locaux, les menus faits de leur quotidien, la violence de la rĂ©alitĂ©. Aden en est la victime centrale, le hĂ©ros tragique. Lui qui porte le nom de la ville dont Nizan disait quâelle Ă©tait « un lieu si beau quâil fait mourir » est marquĂ©, on le sait dĂšs les premiĂšres pages, par son destin, cet « esprit » qui tourne autour de nos plaies intĂ©rieures, pour lui, celles des amours impossibles qui inflĂ©chissent sa vie. Quel beau rĂŽle et quelle Ă©criture ! (C.B et J.G)
