Leopardi naĂźt en 1798 Ă Recanati, petite ville Ă©triquĂ©e de la cĂŽte adriatique, dans une riche famille terriblement rigide. Bibliophile, philologue et philosophe prĂ©coce, il est dĂ©jĂ , Ă dix-huit ans, un poĂšte connu. Mais disgrĂąces physiques, santĂ© prĂ©caire, relations dĂ©plorables avec ses parents, idĂ©al rĂ©publicain, dĂ©ceptions affectives l’isolent de la vie mondaine et intellectuelle et le condamnent Ă la pauvretĂ© et au pessimisme. Ă trente ans, il rencontre le bel Antonio Ranieri : les deux hommes ne se quitteront plus jusqu’Ă la mort prĂ©maturĂ©e de l’Ă©crivain, Ă Naples, en 1837.
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RenĂ© de Cecatty (LâhĂŽte invisible, NB dĂ©cembre 2007) ne propose pas une biographie exhaustive. Grand connaisseur du poĂšte dont il a traduit certaines oeuvres, il sâintĂ©resse aux « annĂ©es Ranieri » et s’interroge sur la nature exacte du lien vampirisant et fusionnel qui unit les deux hommes. ObsĂ©dĂ© par la trahison des corps, la chastetĂ©, l’homosexualitĂ©, la compagnie de la mort, il questionne, dissĂšque, rumine, plaide… Au-delĂ des dates, des lieux et des faits, cette investigation sur l’amour et la fidĂ©litĂ© est le vrai sujet d’un livre assez touchant. Mais ressassante et trop pointilleuse, elle tend Ă transformer un immense poĂšte en homme un peu Ă©trange, facile Ă plaindre et difficile Ă comprendre.
