Robert Badinter, l’épreuve de la justice

DREYFUS Pauline

Robert Badinter a accepté de se confier à Pauline Dreyfus. Avec un « regard de romancière », elle fait découvrir un homme ambitieux, impénétrable, brillant et intègre qu’Edmond Maire appelait en 1983 « l’honneur de la gauche » : né en 1928 à Paris, fils d’émigré juif de Bessarabie, il est traumatisé par l’arrestation de son père en 1943 et par l’antisémitisme. Sous la houlette d’Henry Torrès, il s’engage dans une brillante carrière d’avocat, critiquée, voire menacée, mais résolument tournée vers la défense de toute vie humaine ; il mène aussi une fonction éminente d’universitaire. En fervent humaniste, Garde des Sceaux de François Mitterrand (dont il est l’ami intime), il fait voter l’abolition de la peine de mort en 1981 et s’élève contre les prisons « criminogènes ». Président du Conseil Constitutionnel de 1986 à1995, Sénateur des Hauts-de-Seine en 1995, il milite pour une Cour européenne d’arbitrage et de conciliation dont il est président et s’engage dans la création de la Cour de Justice internationale. Dans un récit très documenté, mesuré, mais un peu distancié et manquant de chaleur, Pauline Dreyfus dresse l’intéressant portrait d’un farouche partisan et infatigable militant des droits de l’homme et de la Mémoire.