Qui a tué l’homme-homard ?

ERRE J.-M.

Margoujols n’est pas un petit village de Lozère ordinaire. Une troupe de monstres de foire y a fait souche soixante-dix ans auparavant : femme à barbe, homme-élastique, siamoises… La cohabitation avec les habitants n’est pas franchement cordiale, mais rien ne laissait prévoir le meurtre sauvage du vieil homme-homard découpé en morceaux. Julie, fille du maire, infirme moteur cérébral en fauteuil roulant, s’improvise auxiliaire du gendarme un peu dépassé venu éclaircir le mystère. La fine équipe est vite confrontée à un nouveau massacre, à des cambriolages et à la profanation d’une tombe.   À coup d’inventions burlesques, irrévérences et pieds-de-nez de bon goût, J.-M. Erre (Le grand n’importe quoi, NB juin 2016) ressuscite un genre de polar tombé en désuétude : franchouillard, excentrique, loufoque et malin. Il invente un personnage hors du commun, inusité dans la littérature noire : une narratrice-enquêtrice paraplégique et aphasique (la technologie vient au secours de ses défaillances !). En plus de dénouer l’intrigue et malgré son handicap, elle s’intéresse à l’écriture et à la construction d’un roman policier et théorise avec pertinence et drôlerie sur les principes du genre. Décapant et épatant, à condition de se laisser aller à ne pas bouder son plaisir. (T.R. et C.-M.T.)