Une saison de nuits

En 1938 en Californie, à Sacramento, vivent Lily et Everett, tous deux descendants des pionniers qui ont apporté la prospérité à cette région au XIXe siècle. Entre non-dits et frustrations, ils mènent une existence oisive et aisée, faite de conventions, au milieu de leurs familles et amis qui ne comprennent pas que le monde est en train de changer et leurs comportements inadaptés. Lily se laisse vivre, Everett tente de partir se battre en Europe. Alcool, mesquineries ou mensonges facilitent la vie sociale, mais tout s’écroule en 1959 quand le drame survient. Publié en 1963, enfin traduit en français, ce premier ouvrage de Joan Didion, journaliste et scénariste (L’Amérique 1965-1990 : chroniques, NB juin 2009), restitue avec justesse le climat d’une époque et décrit sans concession une société qui perd ses repères traditionnels. L’auteur analyse, avec précision et ironie, un monde où elle a vécu, l’effondrement du « rêve américain » et les résistances de ceux que les changements bouleversent. La construction du roman, un meurtre liminaire puis un retour aux vingt années précédentes, est un peu déroutante au début. Malgré quelques longueurs, on se laisse emporter par le style vif et le regard caustique de la romancière.