Tiphaine et le silence du moi

Une fillette de huit ans, Tiphaine, arrive un matin à l’école couverte d’hématomes et de griffures. Les autorités décident de l’éloigner de son foyer, en apparence normal, où elle est élevée par sa grande soeur, sa mère étant injoignable et son père évaporé. Dans l’attente du jugement du tribunal des enfants, elle intrigue le personnel de l’hôpital où elle est internée, qui ne s’explique pas son mutisme. Enfreignant les codes de la déontologie, son médecin se livre à une enquête fébrile. Sous forme de roman, l’auteur, lui-même pédopsychiatre, décrit les enjeux de pouvoir dans une grande structure de psychiatrie. Il dénonce les mesquineries, la suffisance des différents acteurs et leur corporatisme ; il salue parfois leur générosité et leur savoir-faire. Le malaise dus aux sous-effectifs est abordé à de multiples reprises. Quant au système judiciaire, il est sévèrement et ironiquement dénoncé comme inadapté, brutal et dépassé. Sur un sujet grave, soutenu par un style nerveux, rapide, quasi mathématique, cet ouvrage réaliste et facile à lire est efficace.