Rien qu’un jour de plus dans la vie d’un pauvre fou

Dans le parc d’une ville de province, des kidnappeurs, trompant la vigilance de son frère adolescent à qui elle a été confiée, enlèvent une petite fille de trois ans. Dix ans plus tard, trois familles voisinent sur les rives d’un lac de Bourgogne. Trois adolescents surtout : Alice qui observe tout ce qui se passe à la jumelle, Laura vaguement aguicheuse et imbue des ses treize ans, Jean-Lin dit Linlin, enfin, un garçon hyperémotif, handicapé mental, passionné par les lectures qu’Alice lui fait chaque jour. Dans la touffeur de l’été, Laura disparaît, et l’opinion a tôt fait de désigner Linlin, le « pauvre fou » comme coupable. La gendarmerie locale se mobilise.

L’auteur est passé maître dans l’art de générer le suspense par petites touches distillées dans les pages, et d’égarer le lecteur vers des pistes évidentes où l’énigme, s’inspirant d’une criminalité trop médiatisée, semble trouver sa solution. Le récit focalise alternativement sur chacun des protagonistes, livrant leur vision des faits et de l’enquête, semant habilement certitudes et doutes, et dressant peu à peu le tableau d’un univers provincial à la Claude Chabrol. La conclusion est à la hauteur d’un mystère qui dénonce l’engrenage des rumeurs et des a priori.