Rendez-vous avec l’heure qui blesse

Raphaël Elizé, né en Martinique, arrive en France avec sa famille à l’âge de onze ans. Devenu vétérinaire, il s’installe à Sablé-sur-Sarthe. Accueilli d’abord avec méfiance, sa compétence et sa disponibilité lui font gagner la confiance des fermiers et lui permettent d’être élu maire de la ville. Déchu par le régime de Vichy en raison de sa couleur de peau, il rejoint la Résistance comme opérateur-radio. Arrêté par la Gestapo, il est déporté à Buchenwald où il arrive en janvier 1944. L’auteur, Camerounais de naissance, exerce aujourd’hui les métiers de professeur et de chroniqueur littéraire en Lorraine (Nous, enfants de la tradition, NB mai 2008). Dans ce livre quelquefois un peu ardu, écrit à la première personne, il se glisse dans la peau d’un Martiniquais travailleur, cultivé, mari et père aimant, parfaitement intégré. Après une ascension sociale obtenue à la force du poignet, son héros, victime du destin, se retrouve dans la position d’esclave subie par ses ancêtres, humilié, méprisé, traité en tant que Noir « plus bas que les Juifs ». Il soliloque, revit ses souvenirs, se sent frappé par une implacable malédiction dont il essaie vainement de sortir alors qu’il est emporté dans une spirale infernale.