Paysage d’hiver : voyage en compagnie d’un sage

Calligraphe de génie, peintre, poète, penseur, historien, épigraphe, le Coréen Kim Jeong-Hui (1785-1856), souvent appelé Chusa, appartient au courant Silhak favorable au progrès mais sans rupture ni violence. Issu d’un milieu de hauts fonctionnaires, il voyage en Chine, le grand voisin et modèle. Il s’y ouvre sur le bouddhisme prônant le développement de soi sans s’opposer au confucianisme qui vise le savoir-vivre dans une société harmonieuse. A trente ans il devient un maitre à penser, est nommé ministre et directeur d’université. Victime de querelles claniques, il est exilé dans l’inhospitalière île de Jeju où, dans la solitude, il atteindra le sommet de son art et la sagesse.  Christine Jordis (L’aventure du désert, NB février 2010) livre une remarquable étude de la vie d’un personnage fascinant. Cet ouvrage érudit souligne l’originalité de sa calligraphie aux traits empâtés, une technique parfaite au service de la spiritualité. Un art animé par le « Qi », le souffle intérieur. Sont évoqués aussi les grands courants de pensée transmis par les amis de Chusa, et auxquels la Corée reste hostile : bouddhisme, christianisme ainsi que certains principes démocratiques. Un livre documenté, souvent passionnant mais desservi par un manque de cohésion et une absence de chronologie. (S.D. et M.S.-A.)