Ma nouvelle maison

Une petite fille, une maison à la campagne, des fleurs, des oiseaux et des papillons. À l’arrière-plan, très loin, les gratte-ciels de la grande ville. En trois images sans paroles, tout est dit du bonheur et de sa perte prochaine car le facteur apporte la nouvelle : le cœur gros, il faut partir s’installer là-bas, dans un appartement donnant sur d’autres appartements. Mais l’enfant, dans ses bagages, a emporté l’essentiel : une graine qu’elle met en pot, qui va grandir, grandir, d’un étage à l’autre, d’un immeuble à l’autre.

L’histoire est simple : la nature introduite dans la ville fait merveille, crée des liens entre voisins anonymes et fait naître entre deux enfants une belle amitié. Avec une grande économie de mots, le récit joue sur l’enchaînement rigoureux des images. La luxuriance des végétaux imaginés par Melissa Castrillon envahit les doubles pages de vrilles énergiques qui lient les uns aux autres, de fleurs extravagantes et d’oiseaux-lyres qui dessinent des enluminures autour des personnages. Flore et faune rapprochent, au sens propre, les froids immeubles autour d’une guirlande de bienvenue. Irréaliste à souhait, ce monde en bleu, rose et jaune réinvente le plaisir d’être ensemble. (C.B.)