Les Bijoux bleus

WINKLER Katharina

Filiz vit avec sa fratrie dans un village reculé de Turquie, observant respectueusement les traditions patriarcales ancestrales. Pourtant, quand Yunus, bel adolescent aux yeux verts, jette son dévolu sur elle, elle brave l’interdit familial, se laisse enlever et épouser à treize ans. Elle devient la propriété d’un mari bourreau et l’esclave d’une belle-mère « araignée » qui tisse la toile autour de sa proie : une petite victime fataliste, devenue mère, qui continue à rêver à l’Allemagne, synonyme d’un occident idéalisé.  Katharina Winkler, née à Vienne en 1979, a reçu le prix Mara-Cassens (Allemagne) pour ce premier ouvrage inspiré de faits réels. Les Bijoux bleus sont la triste parure des femmes battues. Dans une narration au présent, l’héroïne déroule le fil de son histoire. Le style volontairement simpliste fait ressortir le hiatus entre la fraîcheur, la candeur des sentiments et l’horreur d’une existence rythmée par une violence ritualisée. Il faut dépasser le cadre sociologique (Turquie-islam-immigration) pour ne garder que l’essentiel du propos : alors que les chiffres des violences faites aux femmes sont en augmentation dans le monde, l’auteur réussit  à dénoncer la féminité martyrisée avec poésie et émotion. (A.-C.C.M. et E.B.)