Le rendez-vous de Saigon

Hospitalisé en soins palliatifs, Yvan Audiard confie à Antoine son fils, qui est aussi son éditeur, qu’il n’a pas renoncé au « Rendez-vous de Saigon ». Jamais écrit, ce devait être son livre le plus beau malgré son cerveau qui s’embrume et sa vue qui défaille… Revenant sur la trajectoire d’écrivain, mineure et féconde, de ce père qu’il a parfois difficilement supporté, Antoine rassemble dans un apparent désordre les généalogies contrastées de sa famille, les souvenirs des jours gris de sa jeunesse, ceux de son métier d’écrivain et d’éditeur et les moments douloureux au chevet du mourant.

Dans une prose très élégante et sensible le fils laisse son coeur exprimer sa tendresse et son émotion. L’adulte qu’il est devenu a pardonné à celui qui, autrefois, réservait ses dons de séduction aux étrangers plutôt qu’à sa famille. Sans pathos mais d’une façon nuancée et pleine de tact, l’auteur de L’Arabe (NB octobre 2009) dévoile son attachement infini pour ce père dont il endosse la filiation, allant jusqu’à écrire à sa place Le Rendez- vous de Saigon. Un beau livre pudique et vrai.