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1975. Une petite fille, pianiste prodige, trime dans un camp de rééducation de la Chine du nord depuis cinq ans. La famille a été séparée mais sa mère a réussi à lui faire parvenir un piano sur lequel elle s’exerce, chez une femme du village, après le travail épuisant des champs et l’interminable séance de rééducation où, à l’abri du Petit Livre rouge, elle recopie des partitions de Bach passées dans des colis. Surprise, contrainte à l’autocritique, elle est condamnée aux tâches les plus rebutantes. À la mort de Mao, en 1976, elle est la dernière à quitter le camp.
L’histoire vraie de Wei, enfant virtuose, est contée sobrement, soutenue par une illustration stylisée. Le grand format des pages de papier bistre permet aux encres – noire et rouge exclusivement – de s’étaler pour signifier des horizons vides et désolés, la nuit inquiétante. Le trait souple peint une enfant au visage fermé, des travailleurs courbés sur leur tâche, des gardes vociférants. Ici ou là, le dessin se détache sur une page de caractères chinois, collages de morceaux d’anciennes revues maoïstes. Amour de la musique et de la liberté : ce récit est édité en partenariat avec Amnesty international.