Le chien de nuit

En décembre 1918, après quatre ans sur le front comme brancardier, Amat, vingt-six ans, rentre chez lui à Roqueserre, sur le Causse Noir, près de Millau. Darius, son chien de guerre, l’accompagne. Amat est en apparence indemne, mais ses poumons sont gravement atteints par les gaz. Ce handicap, qu’il essaie de cacher, va changer son destin : il est incapable de gérer la ferme familiale et sa fiancée le quitte brutalement. Julia, une jeune institutrice, passionnée par son métier, lui apportera l’espoir d’une vie nouvelle. Ce nouveau livre de Roger Béteille (La vengeance de Laura, NB avril 2013) est le récit de la reconversion difficile des rescapés de la Grande Guerre et de la modernisation de la société. Avec un grand luxe de détails, l’auteur décrit le fonctionnement d’un grand domaine et sa hiérarchie bien définie. L’accueil fait aux héros, de retour à la vie civile, est bien analysé. Le rythme de la narration épouse celui d’une vie rurale classique : d’abord lent, il s’accélère avec l’arrivée de la mécanisation. Les personnages féminins sont emblématiques d’une évolution de leur condition, et l’importance accordée à l’instruction des enfants est, à juste titre, soulignée. Bien construit, intimiste et instructif, ce roman est aussi un intéressant documentaire.