Lait et charbon

Quelle enfance difficile fut celle de Simon et de son frère élevés dans la Ruhr ! À cause de Liesel, la mère, personne énergique et frivole, la famille troque une vie de paysans contre celle d’ouvriers dans un bassin minier. Sous un ciel éternellement bas, la communauté se serre les coudes autour de bons repas. Les seules distractions consistent à élever des oiseaux et fréquenter les bars ; les jeunes échappent à la morosité ambiante en esquissant leurs premiers flirts et en roulant en mobylette à tombeau ouvert. Les dialogues écrits dans un langage familier rendent très vivant cet univers qui semble sorti du XIXe siècle. L’auteur décrit sans complaisance l’atmosphère terne des corons, où les familles oscillent entre l’amour porté à leurs enfants et un destin sans espoir : Liesel cherche une compensation dans l’alcool et les cigarettes, Simon se raccroche à son ami Pavel. L’histoire de ces adolescents livrés à eux-mêmes n’illustre-t-elle pas aussi l’ambiance de certaines banlieues défavorisées ?