La Mémoire longue : textes et images, 1986-2008

DAENINCKX Didier

« Jeter l’histoire dans la littérature pour lui faire rendre gorge de ses omissions. » C’est le propos de Didier Daeninckx (Histoire et faux-semblants, N.B. avr. 2007) dans La Mémoire longue. Pour faire revivre les exilés, les trahis, les vaincus, les piétinés, les insoumis, les proscrits…, l’écrivain fouille dans les combles de ses archives et de l’histoire récente. Il enquête, prouve parfois, met en scène. Ce donneur d’alerte écartelé entre individualisme libertaire anarchiste et revendication égalitaire traque les impasses. Avec une obsession : le présent ne doit pas rééditer les fondrières d’injustice du passé. Alors, en courts chapitres, de portraits en témoignages, de pamphlets en nouvelles, de récits en souvenirs, dans le fourre-tout des mémoires, il chine, brocarde, réhabilite, ratiocine. Son style court, factuel, avec quelques sonorités de rafales s’attendrit et s’image lorsqu’il revisite son enfance. Aubervilliers, née du gravas hausmannien, à « l’haleine chargée » de soufre, d’anthracite et de la chair morte des abattoirs, en est grandie.

C.R.D.P. et S.La.