Ce livre est une pièce de théâtre. Elle débute par l’installation des décors et la représentation de la pièce d’un seul acte à la fin duquel Oscar Wilde, qui en est le sujet, tirera sa révérence. Le décor et les personnages sont Paris et ses amis qui l’accompagnent jusqu’à sa sortie de scène définitive.
La vie d’Oscar Wilde est une permanente représentation dans laquelle il éclaire ce qui l’entoure, attirant la lumière mais qui l’empêche de prendre pied dans la trivialité du quotidien et des contingences terrestres. Après avoir été condamné et purgé 2 ans de prison pour homosexualité, Wilde est à Paris en 1897, dépensant son argent et sa vie dans l’alcool et la fréquentation de jeunes hommes dans des soirées qui le ruinent. Mais même dans un profond dénuement il reste cet esprit libre et brillant qui ne peut faire l’économie d’un bon mot, d’un aphorisme, d’une maxime. Acteur de sa propre vie, il est l’auteur de sa propre pièce, lui, qui paradoxalement n’a plus l’envie, l’énergie de produire de nouvelles pièces ou de nouveaux romans. La mort de sa femme, l’éloignement de ses enfants affecteront ce cœur tendre qui, bien que très entouré par Robbie, Reggie, Bosie, Gide, et bien d’autres, qui sont « interviewés » dans la BD, décède en 1900 à Paris. Il est alors temps de descendre le rideau et de démonter le décor.
Magistrale BD que cette Divine Comédie. Si Oscar Wilde a connu l’Enfer et fréquenté le Purgatoire, peut-être a t-il côtoyé le Paradis. Javier de Isusi nous livre une œuvre de haute tenue, par la maitrise de son histoire rendant compte factuellement de ce que furent les 3 dernières années de cet arbitre des élégances, de l’intelligence, de l’art et du style. L’ «interview» heureuse de chaque participant qui, à la fois cadence le récit et éclaire les facettes différentes d’une histoire identique et commune, révèle la complexité et la richesse du génie d’Oscar Wilde. L’usage de l’aquarelle se révèle excellent en rendant cette lecture un vrai moment de plaisir.
(PD-MT)