La consolation des inconnus

Séparés de leurs parents, Marina et son frère Dov ont passé leurs premières années en Israël dans un kibboutz, puis leur jeunesse à New York avec une mère peu aimante. Le petit Gabriel, fils d’une jeune réfugiée rwandaise, ne parle toujours pas à trois ans. La mère de Ben a quitté le domicile conjugal lorsqu’il était encore tout petit. Marina qui a épousé Jacob, psychiatre et père de Ben, se prend d’affection pour Gabriel. Leurs destins à tous se retrouvent étroitement liés dans le quartier d’Harlem.

C’est avec beaucoup de finesse, de tendresse et de délicatesse qu’Alice Nelson, jeune romancière australienne, parle des dégâts et de la douleur causés par le manque d’amour maternel, par la guerre et l’exil. Elle décrit les blessures d’enfance de ses personnages, les traumatismes et les dérangements psychologiques qu’elles ont provoqués. Les sentiments de tous les personnages, de la jeune femme juive qui veut désespérément réparer son enfance saccagée en accaparant l’enfant mal aimé d’une autre, jusqu’à la détresse muette de la jeune réfugiée et à celle du fils délaissé sont analysés avec justesse sous le regard compréhensif mais en alerte du mari psychiatre. On peut penser que cette concentration d’âmes blessées est un peu « too much » et se veut presque une démonstration. Cependant c’est un roman émouvant. (M.-F.C. et M.-N.P.)