La commode aux tiroirs de couleurs

C’est dans une commode aux dix tiroirs de couleurs différentes que la narratrice découvre la vie de Rita, sa chère « abuela », la grand-mère qui l’a élevée. Elle était arrivée à dix ans, avec ses deux sœurs (seize et quatorze ans) à Narbonne où leurs parents, militants républicains, les avaient envoyées, conscients du danger qu’ils couraient à Barcelone. On suit le parcours de cette famille d’émigrés en France, partagés entre leur patriotisme et leur désir de s’adapter dans leur « nouvelle patrie ».

Dans un style fluide et facile à lire, ce premier roman d’Olivia Ruiz (auteure-compositrice-interprète, actrice et réalisatrice née en 1980, qui semble bien être elle-même la narratrice – et son nom d’artiste est justement celui de sa grand-mère) retrace sur quatre générations le parcours des réfugiés espagnols depuis la guerre civile. Elle souligne les qualités de sa grand-mère, son courage, mais aussi sa vie amoureuse, commençant par un véritable coup de foudre qui se termine en drame, et se poursuivant par un mariage qui sombre dans la routine. Tragédies, actes de bravoure, et incompréhension jalonnent le récit. Les personnages sont bien ciblés, vivants et colorés, et le livre s’achève sur une note optimiste. (E.L. et C.M.)