Guide de survie en milieu hostile

Milieu hostile ? Au saut du lit, pour un enfant, commence un quotidien semé d’embûches à éviter, de pièges  à déjouer, de plaisirs interdits : comment échapper ce matin, voire tous les matins, à la contrainte de l’école, comment ne pas être celui qui va desservir la table, comment « faire » avec une baby-sitter pas très « fun » et, de plus, incorruptible, comment  survivre à la cantine avec ses brocolis en n’y mangeant que du pain, comment introduire dans la maison un si joli chaton abandonné, comment zapper la piscine, le musée, la marche à pied, comment  se débrouiller avec les manies de son papi ou, en terre étrangère, quand on dort chez sa copine… ? Bref, comment vivre sa vie d’enfant dans un monde d’adultes, comment survivre ? Vous le saurez en feuilletant ce guide.

On y trouve mise en scène, en une centaine de pages, la liste non exhaustive des désagréments de l’existence des garçons et filles de huit-dix ans et plus, car ce répertoire s’adresse aussi aux parents et grands-parents d’aujourd’hui. Rien de dramatique dans les situations évoquées : ni comportement à risque, ni réaction abusive ou démissionnaire. L’ouvrage cible la vie en famille et les premiers grands pas hors de ce cercle, pour un apprentissage joyeux de l’autonomie. Les solutions suggérées sont des plus réjouissantes. On testera avec une belle énergie les limites de la résistance des adultes et, en stratège vite averti, on maîtrisera l’art d’éviter l’affrontement : à ruse de parent, ruse et demie de l’enfant. C’est de bonne guerre, cela ne marche pas toujours et surtout personne n’est dupe ! Pas de démagogie : le propos est toujours respectueux, même s’il s’en moque effrontément, des exigences responsables des uns face aux fringales de liberté des autres.

Sur deux pages, le livre organise une batterie fournie de questions-réponses, texte et dessin mêlés dans la langue alerte des lecteurs pressentis, en harmonie avec un graphisme dynamique et drôle. Du « vécu » pour tous, dans un jeu de ping-pong primesautier où l’humour met en fuite toute velléité de pédagogisme : vous dit-on vraiment « non », quand on le dit sur tous les tons et dans toutes les langues, dans un lettrage en capitales qui en dégonfle la portée ? Va-t-on refuser l’adoption d’un chaton roux dont l’image craquante emplit la double page ? Sans multiplier les exemples, on ne peut que souligner la variété et la fantaisie de l’écriture à quatre mains de ce « Routard » du quotidien qui ne se prend pas au sérieux en parlant d’un âge où la liberté s’expérimente à coup de petites désobéissances. Il offre aux grands et aux plus jeunes le plaisir d’une lecture complice. (C.B.)