En vieillissant les hommes pleurent

D’origine paysanne, Albert Chassaing travaille chez Michelin et habite la ferme familiale avec une mère très âgée et une épouse de plus en plus coquette qui le trompe. Elle n’aime guère leur second fils qui se singularise par son goût de la lecture, atypique dans ce milieu. Elle voue une passion exclusive à son aîné, militaire en Algérie, au point d’acheter un poste de télévision pour le voir dans l’émission « Cinq colonnes à la une ». Le père, dépassé, n’a plus envie de vivre. Dans ce roman qui se déroule en un seul jour, Jean-Luc Seigle esquisse le tableau d’un monde rural en pleine mutation : les femmes préfèrent le formica au buffet de chêne, le jambon du charcutier à celui fumé à la ferme. Les hommes ont perdu leur statut social. À travers le destin de celui dont les combats sur la ligne Maginot ne sont pas reconnus à leur juste valeur, l’auteur analyse l’évolution des années 1960 avec empathie et une sensibilité qui, justifiant son titre, est souvent quelque peu larmoyante.