Ceci n’est pas un fait divers

Lui – son prénom n’est pas révélé – est quadrille à l’Opéra de Paris. Un matin, il reçoit un coup de fil de sa petite sœur Léa qui reste muette au téléphone. Puis lâche dans un souffle qu’il s’est passé quelque chose de très grave : « Papa a tué Maman ». La vie alors change alors de dimension. Il faut devenir adulte, protéger sa sœur qui habite près de Bordeaux, et envisager l’avenir avec ce fardeau.

Philippe Besson (Paris-Briançon, Les Notes février 2022), dans un style sobre, avec des phrases courtes et beaucoup de sensibilité, aborde non tant le problème du féminicide que celui du travail de reconstruction des proches, ici les enfants de la victime. La fuite du père après le meurtre et son attitude en face de la réalité, le fait de soudain devenir adulte alors qu’on est encore très jeune, les tracas administratifs insoupçonnés jusqu’alors… Pour les gendarmes c’est un fait divers, pour les enfants c’est un bouleversement. Les brefs chapitres abordent la succession de petits tracas ou de grandes émotions qu’il faut traverser pour reprendre le dessus et continuer à vivre. Un tel traumatisme peut-il être surmonté malgré l’horreur et les conséquences de la douleur ? C’est un très beau livre qui ne peut laisser insensible même si ce sujet a déjà été souvent abordé. (C.M. et B.T.)