Aux vagabonds l’immensité

HANOT Pierre

Metz, 1963 : une ville ouvrière avec sa communauté d’Algériens, une ville de garnison avec ses soldats du 1erRCP et son dancing, Le Trianon. Chacun vit sa vie : Hocine et ses copains pro FLN, Nourredine et son camion de merguez, Marcel, l’instituteur militant, Richard, le stagiaire au journal local, Christiane, la jolie ouvrière à la Manufacture, Idir, naguère étudiant à Alger, au service d’entretien, Michel et ses potes de chambrée à la caserne. Jusqu’au 23 juillet…

Documentation à l’appui, Pierre Hanot fait émerger de l’Histoire les anonymes dont les vies ont été démolies par « La nuit des paras ». Il donne à voir, à l’échelle locale, un épisode de la guerre d’Algérie sur le sol français, comme un feu qui couve jusqu’à « l’incident », les haines déchaînées, les désespoirs et la barbarie ordinaire. Dans cette chronique d’un été tragique, les situations frôlent parfois le stéréotype. Mais nos jugements, dans la vraie vie, y échappent-ils ? Au risque d’être démonstratif, Pierre Hanot nous oblige à nous souvenir. Au-delà des portraits rapides qu’il brosse, les rouages bien articulés de sa mécanique romanesque dessinent, au delà de ce roman précis, l’engrenage de tous les ostracismes. Un roman « nécessaire » donc. (C.B et J.G)